Cinéma Jean Mounier

Promenade dans le Cinéma d'hier à travers l'itinéraire d'un pionnier de la communication cinématographique, Jean Marie Mounier

Les années quarante (1939-1945)

1939 : la guerre est déclarée.

La drôle de guerre, insolite et menaçante, déroule des mois mornes et inquiétants.

Février 1939, Jean-Marie Mounier est engagé comme directeur de la Publicité d’une jeune société DISCINA dont le patron, André Paulvé, va produire les films les plus prestigieux et les plus exigeants  du Cinéma Français : Les Visiteurs du soir, de Marcel Carné, l’Eternel Retour de Jean Delannoy 1943, avec Jean Marais et Madeleine Sologne sur un scénario de Jean Cocteau, Lumières d’été de Jean Grémillon 1943 avec Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Madeleine Robinson et le beau Georges Marchal, Sylvie et le Fantôme de Claude Autant Lara en 1945 avec Odette Joyeux, Francois Périer et Jean Dessailly, l’Aigle à deux têtes en 1947 scénario, dialogues, mise en scêne de Jean Cocteau avec Edwige Feuillère et Jean Marais et surtout La Belle et la Bête le superbe film de Jean Cocteau devenu réalisateur avec Jean Marais, Josette Day,mais aussi Ruy Blas de Pierre Billon, adaptation, scénario et dialogues de Cocteau avec Jean Marais et Danielle Darrieux.

Puis en 1948 la Chartreuse de Parme de Christian- Jaque avec Gérard Philippe, Maria Casarès et Renée Faure. Plus tard en 49, Manège d’Yves Allégret sombre drame avec Simone Signoret et Bernard Blier et  Orphée film culte, lui aussi de Jean Cocteau avec Jean Marais, Marie Déa, Maria Casarès, François Périer puis enfin le mythique Casque d’Or,de Jacques Becker inspiré par la vie d’Amélie Elie, surnommée Casque d’or et tiré d’un fait divers dans le milieu des Apaches, au début du XX° siècle avec Simone Signoret qui y tint son plus beau rôle et Serge Reggiani, sombre et irascible dans la vie comme à l’écran (voir plus loin).
Pour chacun de ces films, Jean Mounier met au point des lancements et des campagnes publicitaires qui feront date.

(c) collection privée – D.R –

Il explique lui même son métier lorsqu’il est  interviewé  en 1947 par Pierre Leprohon pour son livre, les Mille et un métiers du Cinéma (ed.Jacques Melot)

« Un sujet de film est déterminé. Bientôt on passera à sa réalisation. Le scénario, le découpage sont prêts, les prises de vue vont commencer. Que faire pour que cette production à venir soit préparée, connue et attendue du public ?
Le directeur de publicité se transforme en agence d’informations. Par le moyen d’un bulletin, régulier ou non, il envoie des communiqués à la presse annonçant le tournage du film, relatant le sujet, citant les principaux artistes. Il invite les journalistes spécialisés à venir voir tourner le film en studio, il provoque des interviews des acteurs, du metteur en scène, du scénariste. Il diffuse des anecdotes, les mille incidents du studio, et parfois même en invente pour susciter l’intérêt de la presse et par là la curiosité du lecteur.
Pendant toute la durée du tournage et jusqu’à ce que le film soit prêt, le chef de publicité emploiera tous les moyens pour faire parler de l’œuvre en cours : informations par la presse, par la radio, concours, manifestations diverses, publications de photos.

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Au moment de la distribution du film, l’information va faire place à la publicité pure, notamment par le moyen des revues corporatives, plus particulièrement lues par les directeurs de cinéma.Pages spéciales, encarts publicitaires représentant le film à l’aide de photos montage, de dessins artistiques synthétisant le mieux possible le sujet et dégageant les caractéristiques attractives du film.
La distribution du film exige l’édition d’un matériel publicitaire assez important, consistant en affiches, scénario illustré, photos d’exposition, clichés pour la presse etc…
Les affiches devront être réalisées avec le plus grand soin et tout en gardant un caractère artistique, et mettre en évidence les atouts commerciaux de la production.

Le  SCENARIO   ILLUSTRE  est une brochure plus ou moins luxueuse contenant des photos du film, le synopsis du sujet, la distribution des rôles, des biographies de vedettes, des extraits de presse, des échos, des slogans publicitaires qui aideront l’exploitant à lancer le film.
Les clichés destinés à la presse devront être originaux et susceptibles d’accrocher le regard malgré leur surface restreinte et le fait qu’ils seront noyés dans une dizaine de placards semblables. »

Pierre Leprohon conclut :

« Jean Marie Mounier a lancé pour Discina beaucoup de grandes productions et de films « difficiles » du point de vue commercial. Les scénarios illustrés des Visiteurs du soir et de La Belle et la Bête notamment sont d’une présentation et d’un goût qui les apparentent à des brochures de luxe dignes de tenter les bibliophiles. »

Le scénario illustré des Visiteurs du Soir dédicacé par Arletty à Jean Mounier
– (c) collection privée – D.R –

Les plus grandes réussites

Les Visiteurs du soir : Fuir le présent (1942)

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Jean Mounier, directeur du Service de publicité de la nouvelle et ambitieuse Société Discina va avoir , en pleine guerre, le privilège de lancer ce film aujourd’hui historique Les Visiteurs du Soir, il fait réaliser un somptueux scénario illustré, organise une campagne publicitaire « cocardière » :
« Il faut que Les Visiteurs du Soir soit un succès POUR L’HONNEUR DU CINEMA FRANÇAIS. »



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L’immense retentissement de l’oeuvre de Carné sera empreint d’une émotion à peine refoulée, il  flotte un parfum de renouveau, de renaissance dans ce film si soigné, si léché, hors du temps, de la réalité et c’est la France enchaînée que le public voit sous les traits des deux amants que le Mal emprisonne, il annonce le retour du Beau qui laisse pressentir un autre retour.  Film poétique et symbolique qui console une population brisée.

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Le scénario illustré fut somptueux, alors que le film sortit sous l’Occupation, les façades du Cinéma Madeleine qui projetait le film étaient plus belles qu’un décor de théâtre.

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La poésie descendait dans la rue. Les Parisiens sous le poids de l’occupation allemande avaient besoin de rêver. Carné et son porte-paroles, Jean Mounier les entraînèrent dans un monde enchanté et irréel qui les  arrachait à un quotidien lourd d’angoisses et de désillusions. Tout à coup, on relevait la tête : Oui, on avait été vaincu, on était occupé, mais le Dieu Cinéma existait et par la magie de l’imagination, on pouvait s’échapper, renouer avec l’espérance, oublier le temps d’une légende, le désastre.

Le film qui passa à travers les mailles de la censure, grâce sans doute à son plongeon dans un passé Moyen-âgeux et sa poésie désuète et parfois bien convenue, eut un succès énorme.

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Marie Déa et Jean Mounier devant le Madeleine – (c) collection privée – D.R –

Au fond, on aperçoit le panneau donnant les adresses des abris en cas de bombardements.

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L’une des affiches exécutée par René Péron – (c) collection privée – D.R –

Voici les clichés que Jean Mounier a fait réaliser pour les publier dans la presse.
Tous droits réservés SND/M6.

– copyright  (c) 2009 SND/M6 –

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Nous vous invitons à vous rendre sur le site hommage à Marcel Carné pour y découvrir en détail la publicité imaginée par Jean Mounier autour de la sortie des « Visiteurs du Soir ». Voici le lien direct.

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Le 13 octobre 1943 sort l’un des grands succès du cinéma français entre 1939 et 1945 : l’Eternel Retour de Jean Delannoy produit par André Paulvé pour la Discina.

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Retrouvez la suite de la biographie de Jean Mounier au chapitre suivant :

Les années quarante (1946-1952) consacrée à la suite de la carrière de Jean Mounier pour la compagnie Discina dirigé par André Paulvé (La Belle et la bête, La Chartreuse de Parme, etc…).


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